3. La démarche, le projet, la tâche assignés aux étudiants
3.1. Echelle de participation à un
projet
Dans son
étude [«Monter l’échelle de la participation»,
Les
enfants d’abord,
UNICEF, avril-juin 1992], Roger Hart a identifié huit
degrés de la participation. Les trois premiers niveaux
sont, pour Hart, des non-participations ou autrement-dit,
des participations qui en fait utilisent UNIQUEMENT les
élèves/étudiants au service des objectifs propres de
l’enseignant. D’ailleurs, c’est bien là
que se situe probablement la frontière entre la pédagogie
de projet et la pédagogie par objectifs. Comment en être
sûr :
— s’il y a juxtaposition parfaite entre les
objectifs de l’enseignant (et du programme scolaire)
et le projet dévolu aux élèves/étudiants, nous ne sommes
certainement pas dans une pédagogie de projet ;
— plus, au travers d’un projet dévolu aux
élèves/étudiants, l’enseignant poursuit (ou identifie
ou atteint…) d’autres objectifs que ceux du
projet lui-même, plus nous nous trouverons alors dans une
pédagogie de projet.
Les huit échelons de Hart ci-dessous permettent
d’affiner à partir de quel moment un projet initié
par un/des enseignants sera véritablement un projet pour
les élèves/étudiants.
Pour conclure, il y a donc dévolution aux élèves à partir
du moment où le projet est pris en charge (partiellement ou
totalement) par les élèves. Le projet vivra alors une vie
autonome par rapport aux objectifs de l’enseignant et
et «échappera» ainsi en partie ou complètement à celui-ci.
Revenons maintenant à l’échelle de Hart. En premier
lieu, les trois premiers échelons dits de non-participation
:
1.
La manipulation : la
notion qui décrit les situations où les élèves/étudiants
sont entraînés à participer à un projet d’adultes
sans comprendre les problèmes qui se posent.
2.
La décoration : les
élèves/étudiants chantent, dansent, portent des T-shirts en
faveur d’une cause quelconque, alors qu’ils
n’ont qu’une idée très vague des objectifs de
cette manifestation. Ils sont utilisés.
3.
La politique de pure forme : dans
cette situation, les élèves/étudiants ont apparemment la
parole, mais ils n’ont pas pu choisir le sujet du
débat ou le mode de communication et ils n’ont
qu’une possibilité limitée d’exprimer leurs
opinions. S’ils sont les représentants d’autres
élèves/étudiants, ils n’ont pas pu s’entretenir
entre eux, au préalable, du thème du débat.
Maintenant, les cinq échelons de la participation pour Hart
:
4.
Désignés mais informés : les
élèves/étudiants se portent volontaires après avoir pris
connaissance des objectifs du projet, du pourquoi de leur
participation, de qui en a décidé et de leur rôle.
5.
Consultés et informés : les
élèves/étudiants comprennent le processus de réalisation du
projet conçu et dirigé par des adultes. Ils ont été
consultés et leurs opinions sont prises au sérieux.
6.
Projet initié par des adultes,
décisions prises en concertation avec des
élèves/étudiants : ici les
élèves/étudiants participent à la décision.
7.
Projet initié et dirigé par des
élèves/étudiants.
8.
Projet initié par des élèves/étudiants, décisions prises en
accord avec les adultes.
Pour Le Gal [Les
droits de l'enfant à l'école, De
Boeck & Belin, 2002], la véritable participation doit
être effective dans les différentes phases de réalisation
d’un projet : conception, concertation, décision,
mise en oeuvre, évaluation. Il cerne cette participation
autour de quatre actions principales. Ces actions
permettent de cerner le degré de participation et de prise
en compte des élèves/étudiants dans une démarche, un projet
: PROPOSER - DISCUTER - DÉCIDER - APPLIQUER
Chacune des actions impliquent des questions auxquelles il
conviendra d’apporter une réponse participative de la
part des élèves/étudiants :
QUI
peut proposer, discuter, décider, appliquer ?
•
les enseignants seuls, les élèves/étudiants seuls, les
enseignants et les élèves/étudiants ?
COMMENT
proposer, discuter, décider, appliquer ?
•
oralement, par écrit, quelle structure de réunion, qui
présidera, par quelle procédure ?
QUAND
proposer, discuter ?
• Les choix suivants seront offerts aux élèves / étudiants
• Les élèves / étudiants n’auront pas le choix de …
de "2. La démarche, le projet, la tâche assignés aux élèves/étudiants" de la Feuille de synthèse.
3.2. Formuler une problématique
Qui permettra de répondre aux questions suivantes :
que
veut-on traiter exactement?
qu’est-ce
qui est en jeu dans la problématique retenue?
quel
point de vue va-t-on privilégier? à partir de quel
lieu prétend-on parler?
qui
est concerné? qui veut-on sensibiliser, mobiliser,
impliquer?
de
quoi va-t-on tenir compte?
Pour établir une problématique : fiche de Norbert Viau (format .pdf)
3.3. Tâche et production assignées aux élèves/étudiants
a) Les composantes d’une tâche
Elle se compose :
d’un
contexte qui décrit l’environnement dans lequel
se situe le problème;
d’un
ou de plusieurs problèmes à résoudre;
d’une
production attendue clairement précisée;
de
consignes, d’objectifs, de critères de réussite
(temps alloué, modes d’organisation, nombre de
pages, etc.);
de
contraintes;
d’informations
nécessaires à la réalisation de la tâche.
En fonction de la situation, chacun de ces éléments peut comporter une part de négociation avec les élèves/étudiants ou avec leurs groupes. Ainsi, la forme de restitution peut être choisie par les élèves à partir d’une liste de propositions faites par les enseignants.
b) Exemples de productions possibles
panneau(x)
exposition
interview
vidéo
diapositives
gazette
/ journal
débat
article
de synthèse
schéma
conceptuel
site,
page web
participation
à un forum avec un/des spécialistes de la question
émission
de radio
s’associer
à une association travaillant dans le domaine étudié
réaliser
une démonstration de nature scientifique
travaux
de fin d’études
…
c) Etablir la liste des ressources et du matériel nécessaire à l’accompagnement du projet
pour
les enseignants
pour
les élèvesEnsuite passer à 4. L'évaluation
"