Vocabulaire

ÉPISTÉMOLOGIE DE LA BIOLOGIE (Source : http://www.heraclitea.com/ )
A) Définition
La biologie est la science du vivant de son évolution et de ses mutations
.
L'épistémologie de la biologie s'intéresse plus particulièrement aux différentes écoles qui se sont succédé du point de vue de la conception du vivant.

B) Différentes conceptions de la vie
B1) Le finalisme
Première grande conception du vivant et de l'organisation de la nature, le finalisme est l'idée selon laquelle les êtres vivants tendent vers une fin, un but, un objectif, qui leur est assigné par la nature elle-même et auquel il est impossible de déroger. Aristote est le grand théoricien de la conception finaliste de la nature et des êtres vivants. Ainsi c'est parce que l'animal a pour fin de manger (c'est son but) qu'il a des dents et ce n'est pas parce qu'il a des dents qu'il mange.

B2) Le Mécanisme
Radicalement opposée à la théorie finaliste, la conception mécaniste pose que les êtres de la nature sont comparables à des machines. Seuls les rapports de causalité mécaniques peuvent rendre compte du développement des êtres vivants. Ce n'est donc pas parce que l'homme a pour but de manger qu'il a des dents ni parce qu'il est destiné à attraper qu'il possède des mains mais c'est parce qu'il a des dents qu'il mange et parce qu'il a des mains qu'il peut saisir et attraper les objets qui l'entourent.
Descartes est le père de la biologie mécaniste conçue en terme de rapports de causalité efficiente.

B3) L'Evolutionnisme (voir Darwin) et le Transformisme (voir Lamarck)

B4) Le Vitalisme (Henri Bergson, L'Evolution créatrice)
En réaction aux progrès de l'analyse scientifique mécaniste, s'est développée au dix-neuvième siècle une théorie spiritualiste du vivant qui prétend aussi bien dépasser les limites du finalisme que celles du mécanisme. La vie serait une sorte de flux spirituel, comparable à celui de la conscience, qu'il serait impossible de ramener à quelque équation de physique que ce soit.

B5) Le Réductionnisme
Théorie dont le programme est aujourd'hui en passe de se réaliser, la conception réductionniste proclame qu'il est possible de réduire les lois de la biologie aux lois de la chimie et les lois de la chimie aux lois de la physique. Cette option dont le caractère matérialiste et physicaliste est clairement affirmé et compte un grand nombre de réussites scientifiques parmi lesquelles figurent toutes les découvertes récentes (biochimie, biologie moléculaire, physiologie , neurobiologie, neurophysiologie..).


SOCIOBIOLOGIE ET DARWINISME SOCIAL

Sociobiologie darwinienne

Darwin n'est pas seulement le théoricien de l'évolutionnisme en matière biologique, il a également appliqué certaines de ses vues à l'organisation sociale. Ici du reste il faut rendre justice à l'auteur de L'Origine des espèces : les vues racistes qui ont pu être déduites de la théorie darwinienne de la sélection naturelle n'ont jamais été partagées par son auteur.
Au contraire ce qu'affirme Darwin c'est que dans le cas de l'homme la loi de la sélection naturelle s'est niée elle-même en sélectionnant pour la survie de notre espèce les instincts de sociabilité au détriment des instincts de conservation purement individuels. Les sociétés humaines si elles sont un produit de l'évolution des différents groupes et des différentes espèces animales ne répondent pas au critère d'une lutte acharnée de tous contre tous mais au contraire au développement des instincts de sympathie et des sentiments de sociabilité les plus prononcés.

Source : http://www.heraclitea.com/socio_bio.htm

Darwinisme social
Il ne faut donc pas confondre le point de vue de Darwin avec celui d'Herbert Spencer qui lui a utilisé la biologie darwinienne au plan social pour en faire une arme d'exclusion et de justification aussi bien du colonialisme que de la soit disante suprématie de la civilisation occidentale (en utilisant des arguments du type : " la nature sélectionne les plus aptes, les meilleurs éléments d'une espèce donnée, or la civilisation occidentale est la plus évoluée de celles qui ont été produites par l'espèce humaine, c'est donc que la civilisation occidentale est mieux adaptée et légitimée par nature à se faire obéir des autres civilisations).
Très dangereuse sur le plan politique la théorie du darwinisme social élaborée par Herbert Spencer a servi par exemple à justifier la ségrégation entre noirs et blancs aux Etats-Unis. Elle est strictement opposée à ce que Darwin pensait lui-même, à ce que l'on pourrait appeler son projet de " naturalisation des normes morales et des formes d'organisation sociale ".

Source : http://www.heraclitea.com/socio_bio.htm

Sociobiologie (Biologie sociale) - Années 1970 ->
De l’avis même du père fondateur de cette nouvelle discipline, Edward Wilson, la sociobiologie est une science qui a pour objet l’étude systématique des bases biologiques de toutes les formes de comportement social. En d'autres termes, traquer la part du déterminisme biologique dans les comportements sociaux. Vulgairement dit, la sociobiologie est en somme la croyance selon laquelle le comportement social de l’homme est fondé sur les gènes. Le problème, c'est que l'homme aussi est un animal... C'est, bien sûr, réveiller sans ménagement le vieux débat entre partisans de l'inné et de l'acquis. Les intellectuels de la Nouvelle Droite ne s'y sont pas trompés qui ont tenté d'emblée d'annexer à leur profit cette nouvelle discipline susceptible, espéraient-ils, de justifier biologiquement l'inégalité des races et, ce faisant, de fonder une morale sociale élitiste.

Source : http://www.univ-tours.fr/desco/UIEIS/Articles%20presse/Jaisson-itinéraire.htm
et http://www.jfjobin.com/spip/article-imprim.php3?id_article=32

Citations :
Edward O. Wilson, Insect societies (1971) : «Vertébrés et insectes [...] ont développé, au cours de l'évolution, des comportements sociaux qui sont similaires dans le degré de complexité et convergents dans de nombreux détails importants. Ce fait porte en lui-même la promesse particulière que la sociobiologie peut être finalement dérivée des principes premiers de la biologie des populations et du comportement et développée en une science mûre et individualisée.»

Pierre Jaisson, sociobiologiste français : «Les données de l'éthologie animale, écrit-il, démontrent qu'il est aussi absurde de nier l'importance des gènes dans la mise en place des comportements, y compris des comportements sociaux, que de refuser celle de l'environnement [...]. Très vite on entrevoit la relation inextricable entre inné et acquis, ce qui témoigne en faveur de la "stratégie cake", où les ingrédients du départ ne sont plus reconnaissables dans la pâte du gâteau formé», in Sciences humaines, 54 , octobre 1995.

ÉPISTÉMOLOGIE DES SCIENCES (Source : http://www.heraclitea.com/ )

L'épistémologie est la théorie de la science en général, c'est à dire la théorie qui essaie de définir les fondements, les méthodes, les objets et les finalités de la science.
En grec le terme d'"épistémè" signifie la science et le terme "logos" signifie le discours : on peut donc dire en traduisant littéralement le terme à partir du grec qu'elle est le "discours sur la science".

La théorie des paradigmes de T.S Kuhn
Kuhn dans son ouvrage sur La structure des révolutions scientifiques affirme que :

1° Les théories de physiques sont constituées autour d'un système de concepts primitifs que Kuhn appelle le paradigme d'une science.
2° Par exemple la physique de Newton s'articule autour des notions de temps d'espaces absolus et relatifs ainsi que de force d'attraction alors que la physique d'Einstein s'articule autour de notions différentes (espaces et temps relatifs, vitesse constante de la lumière).
3° Le passage d'une théorie physique à une autre suppose que l'on change de paradigme, c'est-à-dire que l'on adopte un nouveau système de concepts qui changent notre conception de l'univers.
4° L'évolution des idées en physique obéit au schéma suivant : (1) Une théorie et le paradigme sur lequel elle repose se trouvent confirmées par la communauté des savants d'une époque (2) Au fil du temps cette théorie rencontre de plus en plus d'objections et se trouve incapable de rendre compte de certains phénomènes (3) Un nouveau paradigme apparaît : il propose une explication nouvelle et l'utilisation de nouveaux concepts (4) La communauté des savants résiste au changement de paradigme puis elle finit par l'accepter (à l'exception de ceux qui refusent de s'ouvrir aux nouvelles conceptions paradigmatiques et s'enferment dans une attitude dogmatique).
5° C'est ainsi que l'on est passé de la théorie classique de Newton qui voit dans la masse une grandeur invariable à celle d'Einstein qui considère que la masse varie en fonction de la vitesse. C'est ainsi aussi que l'on est passé d'une théorie où existent un espace et un temps absolus à une théorie où l'espace et le temps deviennent relatifs.
Nb : La théorie de Kuhn n'est pas une théorie relativiste, elle ne proclame pas que toutes les théories se valent mais affirme au contraire que toutes les théories n'ont pas le même cœur rationnel.


Le Faillibilisme de Karl Popper

Dans le cadre de son épistémologie de la physique Karl Popper énonce que :
1° Une théorie n'est jamais au sens strict vérifiée ni confirmée par l'expérience (opposition à Rudolf Carnap). Elle n'est conservée que tant qu'elle résiste aux expériences que l'on réalise pour la falsifier c'est-à-dire pour la mettre en défaut.
2° Le schéma d'élaboration d'une théorie scientifique (en physique) est le suivant.
(1) On se pose un problème (2) on propose une hypothèse pour le résoudre et l'expliquer (3) on construit des expériences pour infirmer l'hypothèse (4) tant que les expériences n'entrent pas en contradiction avec l'hypothèse ou la théorie on la conserve mais dès lors qu'une expérience vient contredire ce qui est prédit un nouveau problème se pose (5) On construit alors d'autres hypothèses…
3° La science progresse donc par conjecture (on élabore des hypothèses pour résoudre des problèmes théoriques complexes) et réfutation ( on construit des expériences pour réfuter ces hypothèses).
4° Les modèles de réflexion qui ne sont pas susceptibles d'être réfutés sont non scientifiques.