LA NATURE HUMAINE (à partir de http://www.icampus.ucl.ac.be/philo/)

 

Dire l'objet de l'anthropologie, c'est répondre à la question initiale de savoir quelle est la nature humaine ou, à tout le moins, c'est répondre à celle de savoir  si et dans quelle mesure on peut parler d'une telle nature.

 

On entend par nature d'une chose son essence, c'est-à-dire ce qui en elle fait qu'elle appartient à une espèce et pas à une autre. Ainsi la nature de l'homme est ce qui fait qu'il appartient à l'espèce humaine. Une nature, ou essence, renferme un ensemble de caractères stables, universels et suffisamment distinctifs (N.B. le mot "nature" peut avoir d'autres sens : il peut désigner chez un individu ce qui est inné et ne résulte pas d'une acquisition ultérieure, ou encore l'ensemble ordonné des choses observables dans le monde).

 

La nature est ce qui peut correspondre à une définition. Une définition est oeuvre de l'intelligence en tant que celle-ci élabore des concepts ou notions. On appelle concept le sens intelligible d'un mot.

 

Sur la méthode comparative

 

Les sciences modernes (paléontologie, anthropologie physique, éthologie) prolongent à certains égards la démarche aristotélicienne lorsqu'elles tendent de définir objectivement ce qui distingue l'homme au sein de la nature. Depuis Darwin (19ème siècle), on cherche à distinguer les étapes de l'hominisation dans l'ordre des primates, ce qui implique le repérage de différences spécifiques:

5 à 3 millions d'années

australopithèque

station debout, volume-forme du crâne, durée de gestation, structure de la main

2 à 1 millions  d'années

homo habilis

outils

1 million à 500 mille ans

homo erectus

feu, expansion géographique

200 à 100 mille ans

homo sapiens

sépulture

± 30.000 ans

homo sapiens sapiens

art

Indépendamment de la paléontologie, on souligne d'autres critères comme le rire, le langage, le tabou de l'inceste, la conscience de la mort, etc...

 

Mais on peut se demander, comme le fait A. De Waelhens dans l'article Homme de l'Encyclopedia Universalis s'il suffit, pour situer l'homme, de le placer simplement à la tête de la lignée des mammifères supérieurs en lui accordant cette primauté parce qu'il se trouve doté d'un caractère qui le distingue de tous les autres membres de cette lignée, proches et lointains, fût-ce un caractère prestigieux comme le langage.

 

Dans une autre perspective, le propre de l'homme serait plutôt qu'il se pose le problème de ce qui constitue sa différence spécifique. Il est alors l'être qui crée du sens et détermine la différence qui, pour lui, importe, c'est-à-dire a de la valeur.

 

Bref, l'homme diffère du chimpanzé moins par telle ou telle caractéristique ou aptitude objective que par le fait que, à la différence du chimpanzé, il se demande et recherche si et par quoi l'homme diffère du chimpanzé.  On peut dire que cette question et cette recherche se traduit dans tout son comportement.