2. La théorie de l'East Side Story
Dans le prolongement de sa
découverte de Lucy, Yves Coppens a émis (en 1981) une
hypothèse géologique et climatique pour expliquer la
séparation entre les premiers hominidés et les grands
singes.
Jusqu’à 8 millions d’années en arrière, de
grands singes hominoïdes vivent sur l'est du continent
Africain (boisé à l'époque). C’est alors qu’une
faille immense s'effondre du nord au sud, partageant en
deux notre population de grands singes : la Rift Valley.
Dès lors, à l'est, la sécheresse s'installe et transforme
la forêt en savane. Les grands singes habitués à une
nourriture abondante et à un environnement boisé, vont se
retrouver dans un milieu où il faut faire parfois plusieurs
kilomètres pour trouver à manger. Pour ce faire, la bipédie
est le moyen le plus pratique et rapide... De là découlent
également le développement du cerveau, la denture omnivore,
l'apprentissage des outils et la parole..
A l'ouest, pas de changement climatique.. la végétation est
luxuriante et la nourriture abondante. Les grands singes
(panidés) qui se trouvent là n'ont pas besoin d'évoluer
puisqu'ils trouvent suffisamment de nourriture dans les
arbres. L'usage de la bipédie n'est donc pas indispensable.
Les ancêtres de nos grands singes actuels sont certainement
issus de cette population : plutôt arboricoles, ils
utilisent ponctuellement la bipédie.
Or cette hypothèse séduisante sera mise à mal avec la
découverte de deux nouveaux fossiles, Abel et Toumaï en
2002 (découvert à plus de 2500 kilomètres de la fracture du
Rift).
Cependant, en dehors de cette Rift Valley, on n’a pas
trouvé grand-chose de très ancien. Tout simplement parce
que les couches susceptibles d’abriter des hominidés
vieux de 4 ou 5 millions d’années sont généralement
enfouies à quelques milliers de mètres. Dans la Rift
Valley, au contraire, tout était simple: c’est une
faille qui a mis au jour les couches anciennes. Les
paléontologues s’y sont précipités. Au risque de
fausser l’échantillon ?